Projet photo (3ème6)


Présentation de l'exposition par l'enseignant coordonnateur (Mr Gazeau) du travail mené avec les élèves :

"L'exposition est le fruit du travail, dans le cadre d'une classe à PEAC (Projet d'éducation artistique et culturelle), des 24 élèves de la 3ème 6 du collège Henri Wallon d'Ivry-sur-Seine, accompagnés et formés par le photographe professionnel Gilberto Güiza-Rojas. Ce travail a été initié par une étude, au cours de plusieurs ateliers menés par Clémence Revuz, chargée de mission au Musée Albert-Kahn de Boulogne-Billancourt, de séries d'autochromes issues du fonds des « Archives de la planète ».

Pensées comme des archives objectives, ces images, les premières photographies en couleurs réalisées entre 1909 et 1931, sont aussi, comme le souligne le livret de présentation du musée, Un projet ouvert sur le monde, le résultat d'une construction, d'une mise en scène : « L'enregistrement pensé comme neutre dans le projet initial, reflet supposé fidèle de la réalité, se métamorphose avec l'épaisseur de l'histoire en une image construite, fruit d'un regard et d'une époque, d'une expérience singulière de l'ailleurs. A côté de ce qu'elles montrent de l'état du monde à un moment donné, les images prises au début du 20ème siècle renseignent sur les contraintes techniques imposées aux opérateurs, la méthodologie employée, l'outillage conceptuel mobilisé, le paysage idéologique et les motivations à l'origine du projet…».

Les élèves ont donc travaillé sur la construction des images, en lien non seulement avec le Musée Albert Kahn, mais aussi avec le Musée français de la photographie de Bièvres et la Maison de la photographie Robert Doisneau de Gentilly, trois institutions culturelles réunies, avec le Centre photographique d'Ile-de-France de Pontault-Combault et la Maison d'art Bernard Anthonioz de Nogent-sur-Marne, au sein du « Grand Pari(s) de la Photo »  :

- construction technique, puisqu'ils ont fabriqué des sténopés avec lesquels ils ont fait des prises de vue qu'ils ont appris à développer et qu'ils ont eux-mêmes, après avoir été formés par Gilberto Güiza-Rojas, conçu et réalisé les photographies présentées dans l'exposition.

- construction artistique et symbolique également : en reproduisant la démarche ethnographique, géographique et historique d'Albert Kahn et de ses opérateurs envoyés aux quatre coins du monde, nous sommes partis sillonner Ivry à la recherche de ce qui pouvait sembler typique ou « pittoresque ». Nous avons commencé un travail sur l'identité - identités sociales, professionnelles, géographiques... - et sa facticité.

L'idée originelle était de  demander à des ivryens de poser, au risque de les enfermer dans une identité présumée par nous (comme dans beaucoup d'autochromes des « Archives de la Planète « ), avant de leur laisser le choix de la mise en scène qu'il désirait et qui faisait sens pour eux.

Mais très vite, l'idée de mise en scène s'est imposée, au-delà des clichés identitaires, et nous avons décidé nous-mêmes de ne pas nous cantonner au rôle que nous avions commencé à jouer en surlignant à l'extrême les caricatures identitaires qui enferment.

A partir d'un travail autour de la poésie de Stéphane Mallarmé, les « Fenêtres », qui évoque la transfiguration du réel par le regard artistique, nous avons donc multiplié les mises en scène (originales ou reproduisant des photographies ou des tableaux célèbres), qu'elles se répondent ou se concurrencent, en construisant des images d'Ivry, de ses habitants et de ses travailleurs et en jouant sur de nombreuses connotations : Ivry-ville, Ivry-usine, Ivry-campagne, Ivry-pont, Ivry-port, Ivry-Brooklyn...

Nous avons ainsi essayé de présenter un « nous » moins identitaire et plus ouvert - « Ivre, il vit » - que celui en quête duquel nous étions partis, pour façonner quelques images mises en scène et les glisser fièrement parmi toutes celles qui, à leur tour, nous façonnent."